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Hébreux 5.7 vs crucifixion ?



Hébreux 5 7 C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété    

Sur la base de ce verset des prosélytes musulmans soutiennent que Jésus n'a pas été crucifié puisque Dieu l'a exaucé quand Jésus a adressé des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort [1].   L'auteur de l'épitre aux hébreux nierait donc la crucifixion d'après certains prosélytes, mais ces prosélytes prennent-ils le temps de souligner que l'auteur de l'épitre parle de la mort de Jésus à plus de dix reprises ?

  • 2.9 Mais celui qui " a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, " Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tous

  • 2:14 Puis donc que les "enfants" ont eu en partage le sang et la chair, lui aussi y a participé également, afin de briser par sa mort la puissance de celui qui a l'empire de la mort, c'est-à-dire du diable,

  • 7.27 qui n'a pas besoin, comme les grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même.

  • 9.11 Mais le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c'est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n'est pas construit de main d'homme, c'est-à‒dire, qui n'appartient pas à cette création-ci 12 et ce n'est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu'il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle.

  • 9.14 combien plus le sang du Christ qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ?

  • 9.15 Et c'est pour cela qu'il est médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la premiers alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis.

  • 9.27 Et comme il est arrêté que les hommes meurent une seule fois, après quoi vient le jugement, 28 ainsi le Christ, après s'être offert une seule fois pour ôter les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, sans péché, pour donner le salut à ceux qui l'attendent.

  • 10.10 C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'oblation que Jésus-Christ a faite, une fois pour toutes, de son propre corps.

  • 10.19 Ainsi donc, frères, puisque nous avons, par le sang de Jésus un libre accès dans le sanctuaire, 20 par la voie nouvelle et vivante, qu'Il a inaugurée, pour nous à travers le voile, c'est-à-dire à travers sa chair,

  • 12.2 les yeux fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, lui qui, au lieu de la joie qu'il avait devant lui, méprisant l'ignominie, a souffert en croix, et "s'est assis à la droite du trône de Dieu."

  • 13.12 C'est pour cela que Jésus aussi, devant sanctifier le peuple par son sang, a souffert hors de la porte.

  • 13.20 Que le Dieu de la paix, - qui a ramené d'entre les morts celui qui, par le sang d'une alliance éternelle, est devenu le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, -

Comment un auteur qui souligne à autant de reprises que le Christ est mort pourrait trouver le moyen de dire qu'il n'est pas mort quant tout son livre porte sur la mort de Jésus ?

Mais comment comprendre alors que l'auteur de l'épitre dit que le Christ a été exaucé ? Pour cela il faut faire ce que ces prosélytes ne savent pas faire, regarder le contexte du verset :

Hébreux 5, 7 C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété, 8 tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance, 9 après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel,


L'expression "rendu parfait" est la traduction du verbe "τελειόω" qui signifie "rendre parfait, mener à l'accomplissement, mener à bien, accomplir, achever" [2], et pour bien comprendre l'usage de "τελειόω" au sujet de Jésus il faut retourner au chapitre 2 de l'épitre :

Hébreux 2, 9 Mais celui qui a été abaissé un moment au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur, parce qu'il a souffert la mort: il fallait que, par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il goûtât la mort.10 Il convenait, en effet, que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, Celui pour qui et par qui sont toutes choses rendît parfait (τελειῶσαι) par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut.


Hébreux 2.10Ἔπρεπεν γὰρ αὐτῷ, δι’ ὃν τὰ πάντα καὶ δι’ οὗ τὰ πάντα, πολλοὺς υἱοὺς εἰς δόξαν ἀγαγόντα τὸν ἀρχηγὸν τῆς σωτηρίας αὐτῶν διὰ παθημάτων τελειῶσαι.

Hébreux 5.9 καὶ τελειωθεὶς ἐγένετο πᾶσιν τοῖς ὑπακούουσιν αὐτῷ αἴτιος σωτηρίας αἰωνίου

Etre rendu parfait implique donc que le Christ est mort comme le montre Hébreux 2.10, c'est par sa mort et ses souffrances que le Christ a été rendu parfait au travers de la résurrection, c'est alors dans ce sens que la Christ a été sauvé de la mort, en ressuscitant et en vainquant la mort. Les commentateurs ont bien compris le verset d'Hébreux 5.7, le professeur Craig S.Keener nous dit sur ce verset :

 Le judaïsme a souligné que Dieu a entendu les pieux; Cependant, Dieu a répondu aux prières de Jésus par la résurrection et non pas pour échapper à la mort.[3]


Gareth Lee Cockerill :

La vie d'obéissance à l'honneur de Dieu du Fils incarné, qui culmine et s'offre par sa mort, est son offrande de soi. C'est aussi la raison pour laquelle Dieu a donné son offrande d'acceptation ultime - "il a été exaucé". Dieu a confirmé qu'il avait entendu et accepté l'offrande du Fils en l'invitant à s'asseoir à sa droite (cf. 10, 11-14). Sa place d'autorité céleste implique à la fois la résurrection et l'exaltation. [4]


Raymond E.Brown, qui bénéficie grâce à son modernisme d'une certaine admiaration chez une bonne partie des prosélytes musulmans a lui aussi commenté ce verset :

La prière de Jésus fut entendue et il fut donc -sauvé- de la mort. L'accent de la lettre aux Hébreux sur le sang et le sacrifice de Jésus signifie qu'être sauvé de la mort ne veut pas dire que la mort lui soit épargnée. Ce qui lui fut épargné est plutôt d'être vaincu par la mort, comme en 2.14. -Conduit à son accomplissement- signifie qu'après la mort il entra dans les demeures célestes (9, 11-12) et s'assit à la droite de Dieu.[5]


De plus il y a un autre aspect qui est souvent négligé car l'expression en grec "sauvé de la mort" en grec "σῴζειν (sauvé) αὐτὸν (lui) ἐκ (de) θανάτου (la mort)" peut impliquer, en fonction du contexte que le Christ était dans l'état de mort et qu'il en a été sauvé. Par exemple en Jude 1.5 il est dit que le peuple juif a été sauvé de l'Égypte "λαὸν (peuple) ἐκ (de) γῆς (la terre) Αἰγύπτου d'Égypte) σώσας" (ayant sauvé) :

Jude 1:5 Je veux vous rappeler, à vous qui savez fort bien toutes ces choses, que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple et l'avoir tiré du pays d'Égypte, fit ensuite périr les incrédules

Ici le terme "ἐκ" implique que le peuple était en Égypte et que c'est de l'Égypte qu'il a été extrait. La même interprétation peut et doit être appliquée à Hébreux 5.7 où il est dit "le sauver de la mort" car il était mort et en a été extrait par la résurrection. Cette position est appuyé par un autre verset de l'épitre aux Hébreux :

Hébreux 13:20 Que le Dieu de la paix, - qui a ramené d'entre les morts celui qui, par le sang d'une alliance éternelle, est devenu le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus, -

En grec lorsqu'il est dit "ramené d'entre les morts" nous avons l'expression "ἀναγαγὼν (ayant ramené) ἐκ (de) νεκρῶν (les morts)". Ici "ἐκ" sert à dire que Jésus était en état de mort et qu'il en est revenu. Le fait que "ἐκ" soit utilisé ici pour Jésus et la mort nous montre que pour l'auteur de l'épitre aux Hébreux Jésus a été sauvé de (ἐκ) la mort car il en est sorti par la résurrection. Harold W. Attridge dit à ce propos :

Cependant, le sens dans lequel Jésus demande la délivrance est ambigu, puisque ἐκ θανάτου peut signifier soit "de la mort (imminente)", soit "hors (du domaine ou de l'état de) la mort". Ce dernier sens est certainement le plus naturel et correspond à l'utilisation la plus courante de l'expression "σῴζειν ἐκ (sauvé de)" [6].


Conclusion

Les prosélytes musulmans qui revendiquent hébreux 5.7 pour nier la mort de Jésus ne savent non seulement pas comprendre la pensée d'un auteur mais ne savent pas non plus prendre un verset dans son contexte.


1. https://www.youtube.com/watch?v=SFoBy5-d1XI&t=1s 2.  Jean C.Ingelaere, Pierre Maraval & Pierre Prigent, Dictionnaire grec-français du Nouveau testament, p150 3. Craig S.Keener, The IVP Bible Background Commentary, p646 4. Gareth Lee Cockerill, The Epistle to the Hebrews (New International Commentary on the New Testament 5. Raymond E.Brown, La mort du Messie, p277

6. Harold W. Attridge, The Epistle to the Hebrews: A Commentary on the Epistle to the Hebrews, p150

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